14 juin 2024 au 20 juillet 2024
L’exposition qui rassemble les œuvres récentes de Marine Pagès et de Nicolas Daubanes, propose un dialogue autour de leurs pratiques respectives. Marine Pagès développe un travail de dessin sur papier et de volume (installation, bois, papiers…), considérant l’espace de la galerie et la feuille comme un espace physique dans lequel elle déploie des lignes en équilibre. Elle présentera un ensemble de dessins, issus de la série des Memento Mori (2023-24), Mémento (2022) et des Formes molles, interrogeant la relation entre la planéité et le volume, la feuille et l’espace. La série de dessins Memento Mori joue d’anagramme de ces deux mots et réinventent un langage improbable, amusé, léger et grave autour de cette locution latine qui rappelle notre condition de mortel si prompt à l’oublier. Si la ligne est un élément prédominant, la couleur, composée de jus d’encre ou de crayonnage, donne un appui dense auquel le dessin s’adosse. Elle construit dans l’espace de la feuille des structures inspirées par une diversité de registres, depuis les éléments d’architecture aux postures de corps, en dédoublant le dessin.
Alors que la dernière exposition de Nicolas Daubanes à la galerie AL/MA en 2019 empruntait ses sujets à la Résistance, plus précisément à celle conduite par le maquis du Vercors pendant l’Occupation, la prochaine explore le passé pénitentiaire de l’abbaye de Fontevraud où il a été en résidence pendant deux ans. Inspiré par 150 années d’histoire carcérale dans ces lieux quand en 1804, Napoléon décide de la transformer en centrale pénitentiaire, Nicolas Daubanes propose de faire émerger la vision fantasmatique de ce qu’aurait pu être la prison au moment d’une mutinerie.
Mutinerie réellement imaginée par les moines en 1622 qui donne lieu à la série Tipi (2023) présente dans l’exposition. Depuis plus de 10 ans, Nicolas Daubanes a mis sa liberté d’artiste au service de situations de coercition et de survie dans des contextes aussi extrêmes et divers que ceux des prisons, des centres de rétention et des situations d’oppression. Il extrait des archives qui documentent ces moments de résistance et de révolte une matière mémorielle rendue visible par des médiums divers : vidéo, dessin à la limaille, céramique, verre.
Si le titre de l’exposition, Spéculaire, dont la définition la plus courante précise, « qui réfléchit la lumière comme un miroir », suggère une situation de face à face de deux gestes artistiques qui s’éclairent mutuellement, on peut aussi l’interpréter comme un dispositif méditatif, au sens d’exercer sa réflexion en confrontant les deux propositions. Nicolas adapte ses moyens à la restitution d’une archive, d’une mémoire, d’une phrase, en s’interrogeant sur la manière d’en restituer la force, la légitimité, de la rendre visible et lisible. La limaille, la céramique dentaire, le béton saboté utilisés par Nicolas Daubanes, servent une cause : la mémoire de l’histoire. Marine Pagès à choisit d’assujettir ses sujets, inventaires, mémento mori, aux contraintes d’une économie formelle rigoureuse qu’elle fixe en préambule de ses gestes.
Dans des registres formels différents, ils questionnent l’usage du matériau, du processus, qui transforme le sujet en un espace physique, réel, entier.
Marine Pagès est née en 1976, elle vit à Paris.
Elle est artiste, éditrice, professeure en école d’art.
Actuellement exposée au Kunsthalle Baselland dans l’exposition Rewilding jusqu’au 18 août 2024 et à La Maison Salvan, à Labège, La mesure du carreau, duo avec Marie-Jeanne Hoffner jusqu’au 6 juillet 2024.
Parution récente, Les Corps flottants, Marine Pagès, juin 2021, éditions Naima et galerie Bernard Jordan, Paris
Marine Pagès est représentée par la Galerie Bernard Jordan, Paris
Nicolas Daubanes est né en 1983.
Nicolas Daubanes a exposé dans de nombreuses institutions comme la Villa Arson, les Abattoirs (FRAC Occitanie Toulouse), le FRAC Occitanie Montpellier, le MRAC Sérignan… Les œuvres de Nicolas font partie de collections privées et publiques importantes notamment le FRAC Occitanie Montpellier, le FRAC Pro-vence-Alpes-Côte-d’Azur, entre autres. Nicolas est lauréat du Prix Yia 2016, du Grand Prix Occitanie d’art contemporain 2017 et du Prix Mezzanine Sud les Abattoirs 2017. Il est lauréat du Prix des Amis du Palais de Tokyo, 2018. En 2019, 2020 il bénéficie d’expositions personnelles au FRAC Provence-Alpes-Côte-d’Azur, au Château d’Oiron et au Palais de Tokyo. En 2021, il est lauréat du Prix Drawing Now. Il présente un solo show au Drawing Lab ainsi qu'une grande installation au Centre Pompidou Metz en 2022, et réalise un cycle de résidences et d'expositions entre 2023 et 2025 à l'Abbaye de Fontevraud.
Il présentera en 2025 des expositions personnelles, au Panthéon et au musée de l'Armée des Invalides, et sera pensionnaire pour un an à la Villa Médicis à Rome à partir de septembre 2024.
Nicolas Daubanes est représenté par la galerie Maubert, Paris.