10 février 2023 au 25 mars 2023
La galerie AL/MA est heureuse de présenter la première exposition personnelle de Gilles Balmet à Montpellier. Une dizaine de grands dessins et peintures récentes sera présentée, appartenant à des séries différentes, faisant l’objet d’un protocole précis d’immersion de la feuille dans des bains d’eau et de peinture en suspension, puis de séchage. Procédé auquel s’ajoutent d’autres gestes plus ou moins complexes.
"Au commencement, l’apparition »1 : ce titre fait référence à une vidéo de Sarkis, dans laquelle on observe pendant 3 mn
39 s l’apparition d’une, puis de deux taches rouges à la surface du lait, après que le doigt de l’artiste ait traversé l’épaisseur du liquide. « Évidemment, l’enjeu n’est pas ici technique au sens du procédé, mais de la procédure, voire du paradigme. Il s’agit, comme l’indique bien le titre du film, de commencer à savoir ce que c’est que produire une apparition. Or, nous apprenons qu’une apparition, si simple soit-elle — comme cette fleur rouge qui apparaît dans la blancheur d’un lait — exige la mise en œuvre de toute une dramaturgie. »2 Cet extrait du texte que consacre Georges Didi-Huberman à cette œuvre de Sarkis décrit le pouvoir métaphorique, presque parabolique, de ce geste et de l’image qu’il génère, mais également le protocole qui précède.
L’usage de l’eau, condition nécessaire du travail de Gilles Balmet renvoie à l’écoulement du temps, à la labilité du monde tout en fixant un état de la matière dans un instant T.
Gilles Balmet expérimente dans ses ateliers de nouveaux modes de création d'images situées à la frontière entre abstraction et paysage.
Nominé au Prix Ricard en 2006, il a séjourné six mois en 2010 à Kyoto et dans le reste du Japon. Gilles Balmet a exposé son travail au Musée d'art contemporain de Lyon, au FRAC Champagne-Ardenne de Reims, au Musée du Petit Palais à Paris, au Musée Géo-Charles d'Échirolles, à la Fondation d'entreprise Ricard ou au Palais de Tokyo à Paris, au Musée régional d'art contemporain de Sérignan, à La Panacée à Montpellier, à l'Institut Franco-japonais du Kansaï de Kyoto. Il a exposé en 2019 à la Collection Lambert en Avignon dans le cadre de l’exposition De leur temps 6 organisée par l’ADIAF. Happy Together, en 2021, double projet d’exposition au Pavillon Carré de Baudouin à Paris a été un moment important de visibilité. Exposition à Supervues 022, Vaison-la-romaine en décembre 2022 présenté par la galerie AL/MA.
Arte vient de consacrer un film documentaire à son travail pour l’émission l’Atelier A.
https://www.arte.tv/fr/videos/107882-003-A/gilles-balmet/
Plusieurs séries seront présentées :
La série Waterfalls, amorcée en 2010 et présentée en 2011 au Musée régional d’art contemporain de Sérignan dans l’exposition Géographie du dessin se décline depuis en de multiples variations. Il s’agit de fines gouttelettes d’encre, projetées sur une matière plastique au sol sur laquelle est déposé le support papier. La feuille est ensuite décollée et trempée dans de l’eau de façon à réactiver les encrages qui se sont reportés et à les diluer afin de créer des écoulements qui s’enchevêtrent et s’additionnent comme les notes d’une portée musicale. Le phénomène physique de gravité intervient pour générer les écoulements d’encre dans le temps d’accrochage des œuvres encore fraîches.
Les nouveaux territoires constituent un point d’origine des Waterfalls Hybrid avec cette fois un temps de séchage long qui vient fixer définitivement l’encrage sur la feuille de papier et ses motifs suggérant des lectures cartographiques, biologiques, minérales, ou de paysages.
Electric landscapes est un ensemble commencé en 2022 de dessins à l’encre de couleur bleu de Prusse. Il s’agit d’une simple ligne d’encre ou de plusieurs dessinées à l’aide d’une pipette qui, au contact de l’humidité, permet la naissance d’arborescences rhizomiques.
Les séries Ink mountains commencées respectivement en 2008 en France et en 2010 au Japon ont été les premières œuvres à être réalisées à partir des gestes de l’artiste interagissant avec un support de papier trempé dans des bains composés d’encre de chine et d’acrylique. Les paysages ainsi créés ne sont donc pas des représentations mais plutôt des révélations des potentialités de la peinture à l’aide des gestes quasi chorégraphiques de l’artiste. Les Ink mountains composées de lavis d’encre de Chine et d’acrylique pulvérisée jouent volontairement sur une ambiguïté avec le photographique.
La série d’œuvres White Rain vient renouveler les gestes initiés dans les Ink mountains en ajoutant cette fois aux pulvérisations d’acrylique répétées l’alternance de plongées des parties supérieures et inférieures des supports dans le bain de lavis d’encre jusqu’à ce que l’œuvre soit totalement engloutie par les lavis sur toute sa surface. Cette variation amène des épanchements créant ainsi des reliefs caverneux et des écoulements en gouttes qui servent de réserves et viennent tracer des lignes verticales ou courbes structurant la composition et évoquant des éléments naturels ou en donnant un caractère orageux et chaotique à l’image. Les œuvres sont, dans une dernière étape, rincées et les particules de peinture qui n’ont pas adhéré aux parties humides disparaissent révélant enfin l’image finale.
1 Sarkis, Au commencement,l’apparition, 2005, film, 3 mn et 39 s
2 Georges Didi-Huberman, Le lait de la mort, 2005
Gilles Balmet est un artiste né en 1979 à Grenoble. Il vit et travaille à Paris, à Grenoble et Montpellier. Il enseigne depuis 2012 au MO.CO. Esba de Montpellier.