21 octobre 2022 au 26 novembre 2022
Ce sont des motifs que patiemment la main recommence, comme autant d’images qu’on épuise à force de les évoquer. Une sorte d’album mental de lieux, de choses, de visages qui n’ont besoin d’existence ailleurs que dans le regard.
C’est, au fond d’un paysage, une pauvre structure en pierre, mais qui a retenu l’attention. C’est un bateau que l’incendie consume sur une mer impassible. C’est un visage familier sans que l’on sache dire à qui il appartenait.
Le spectacle silencieux de lignes et de couleurs anonymes offertes en partage, dans l’accident d’une perspective dont il s’agit de rejouer une fois de plus l’agencement.
Faire de ces compositions, qui dans leur nudité pourraient aussi bien n’être qu’amas de formes abstraites, pures constructions géométriques – la disposition des traits d’un visage, l’ordre rustique d’une architecture abandonnée, la coque générique d’un bateau et le désordre d’une incandescence – le prétexte d’un jeu plus incarné. Celui des couleurs et celui de la touche, celui des textures sans cesse recommencées.
Et alors enlever, retirer ce qui, il n’y a pas si longtemps, avait encore un nom. Continuer de repeindre les arbres, les murs, le ciel, la mer, le bateau, les visages, avec des teintes chaque fois différentes, dans un enchevêtrement de couches picturales toujours altérées. Non tant, à la manière de Monet, ses meules ou ses cathédrales, pour saisir la nuance d’une atmosphère subtilement mouvante, noter les conséquences, dans l’œil, des évolutions climatiques et de la variation de la lumière, mais plutôt comme Albers et ses études de couleurs pour un Variant/Adobe de la fin des années 1940, puis plus tard ses hommages au carré, pour pouvoir, changeant tout et ne changeant rien, laisser la couleur consumer le motif, et voir ce qui finalement demeure.
Grégoire Lubineau (Octobre 2022)
En écho à la Biennale artpress des jeunes artistes, Après l’école, la galerie AL/MA a trouvé opportun de souligner la place de la jeune création en donnant une carte blanche à un acteur de la même génération que Nicolas Gaume, Grégoire Lubineau, amateur d’art contemporain curieux de connaitre et comprendre son environnement artistique. C’est donc, en déléguant le choix de l’artiste exposé que la galerie a choisi de se joindre à cette actualité montpellièraine. On ne perçoit pas la scène artistique avec les mêmes repères selon que l’on se considère contemporain ou non des productions que l’on découvre. Et c’est bien de découverte dont il s’agit, car cette nouvelle scène émergente accompagne un changement de paradigme dans nos sociétés.
Nicolas Gaume est né en 1995 et vit à Paris. Diplôme National Supérieur des Arts Plastiques (DNSAP) 2021, École Nationale Supérieure des Beaux-Arts (ENSBA), Paris, atelier de François Boisrond.