28 janvier 2022 au 12 mars 2022
Cette cinquième exposition de Pascal Ravel à la galerie AL/MA rassemble plusieurs ensembles récents, réalisés de 2016 à 2021. À cette occasion, est publié un catalogue avec une sélection de ses notes d’atelier, un entretien réalisé en décembre 2021 et quelques visuels d’œuvres de différentes périodes et de supports ou techniques variables. Dans la continuité d’un travail sur la couleur entrepris depuis 1995, lors de sa première exposition à la galerie Jean Fournier, la peinture de Pascal Ravel procède par recouvrement successif de très fines couches de peinture à l’huile, qui, par superposition, font apparaitre une surface lisse et homogène. Les côtés de la toile, où les couches de peinture déposées ont laissé une légère trace, révèlent les passages successifs qui composent cette unité chromatique. Ces œuvres ont pour point commun leur forte présence, elles habitent l’espace et rythment celui-ci par le jeu de l’espacement entre les toiles.
« Il faut que ces Ensembles de peintures fonctionnent comme une entité génératrice d’espace. Génératrice d’un rapport différent à l’espace. En ce sens, un tableau n’est pas une surface qui supporte une image, c’est d’avantage un évènement dans l’espace : évènement qui interagit avec notre regard, notre présence corporelle, avec notre façon d’approcher les surfaces de couleur et qui induit aussi certains déplacements. »1
Si la dimension spatiale de son travail est évidente, celle du temps se perçoit plus lentement, mais il est important d’appréhender cette peinture sans dissocier l’épaisseur ‒ très fine – de la peinture de celle du temps qui la compose, souvent plusieurs années. La durée n’est pas la seule condition de l’apparition de la couleur, mais elle est l’expression du questionnement et du doute qui habitent longtemps cette peinture avant son achèvement. L’expérience que Pascal Ravel nous propose révèle « une dimension de la couleur que la mémoire ne parvient pas à retenir et qui n’est donc perceptible que face aux peintures, dans l’instant de leur manifestation colorée. Des couleurs, des tons, dont on ne puisse garder mémoire. Plus que de couleurs, il faudrait alors parler d’un état de la couleur. Couleur reliée, couleur ouverte à la lumière, à l’espace, et tributaire du temps. »
1 Entretien de Pascal Ravel et Yacine Navenot, extrait de Ensembles (2016-2021), collection eXo, 2022, éditions Méridianes
2 Notes d’atelier du 14/02/2020