Lise Chevalier
Maison Manifeste télépathique

05 novembre 2021 au 18 décembre 2021

L’exposition de Lise Chevalier à la galerie AL/MA puise son inspiration dans les pierres levées des sites néolithiques.
« A l’ère où les arbres deviennent sujets de droits, où la notion d’un règne minéral entre dans les consciences, ces mégalithes racontent notre lien à la Terre. Nous aimerions les entendre parler, savoir les écouter, imaginer la chanson du « Chœur des pierres », les voir danser, y saisir notre reflet. Disposées comme des flèches tournées vers le ciel, elles sillonnent la région calcaire où j’ai grandi. Ma quête de ces pierres d’origine s’est étendue lors de voyages vers Carnac et l’île volcanique de Nisyros en Grèce.
Lever les pierres est un acte primordial d’une force incomparable. Suivre leur trace m’a menée vers le récit d’une Maison-Manifeste télépathique (appelons télépathie, la modification de notre pensée pour qu’elle communique avec le vivant, le non-humain). Une maison natale, vivante, poétique et nécessaire pour habiter le monde.
Tourner autour du cromlech du Blandas (Cévennes), longer les allées de mégalithes à Carnac, tenir dans mes mains des outils de basalte et silex vieux de millénaires, observer des fumerolles dans le cratère d’un volcan en activité, découvrir des dolmens une nuit de pleine lune.
Ces pierres ont occupé l’imaginaire des humains depuis des millénaires, traversant toutes les périodes de l’Histoire, sujettes aux interprétations les plus extravagantes. On raconte que les soirs de pleine lune, les mégalithes de Carnac iraient boire dans la rivière. Imaginons un instant ces grandes masses flotter dans les airs et se déplacer en farandole. Les études expliquent la présence de ces pierres comme les marqueurs d’un territoire lorsque les humains se sont sédentarisés, comme lieux de culte et peut-être les aurait-on positionnées en lien avec les constellations.
L’inscription de ces pierres dans l’histoire de l’art a participé à créer ce lien sensible et profond. Elles ont joué un rôle majeur dans l’invention de la modernité comme en a témoigné récemment l’exposition « Préhistoire, une énigme moderne» au centre Pompidou en 2019. C’est une histoire de mains, celles qui ont taillé, gravé, déplacé, planté, bâti. Et une histoire de pierres, silencieuses depuis ces millénaires.
Cette exposition retrace cette marche, d’un rocher à l’autre, du granit au calcaire comme en témoigne la série d’encres grand format réalisés sur papier washi (papier de calligraphie japonais) sur les mégalithes : cromlech, alignements de menhirs, et compositions mégalithiques imaginaires. Une série de dessins sur une pierre néolithique du volcan Stefano sur l’île de Nisyros et des photographies argentiques. Ce qui m’attire, c’est le lien entre le pli du papier et les plis de la pierre, entre la masse minérale et la finesse de la soie. Dans mes encres, je m’intéresse au phénomène psychologique de la paréidolie : le fait de voir surgir des figures dans des formes abstraites (comme lorsqu’on observe les nuages). Je tente de me maintenir dans cet « état» visuel. Il ne s’agit pas de donner figure aux formes, mais de garder l’espace «trouble» du regard : quand on regarde les pierres, on cherche des signes dans leurs plis, on plisse les yeux aussi, on ne peut s’empêcher de les toucher, les plis de nos mains se confondent. Comme la main qui a taillé le biface. On cherche à comprendre, et c’est là que l’on imagine. » Lise Chevalier
http://lisechevalier.com/

communiqué de presse