02 juin 2018 au 28 juillet 2018
Vernissage le 2 juin à partir de 11h
Un ensemble de douze dessins réalisés sur deux étés, en 1970 et 1971, sera présenté à la galerie AL/MA. Ces dessins, montrés en 1991 lors d’une exposition monographique consacrée à Toni Grand au musée des Beaux-arts de Nantes, font partie d’un vaste ensemble de quelques quatre-vingt dessins presque tous répartis aujourd’hui dans différentes collections privées et publiques, dont celles du Musée national d’art moderne - Centre G. Pompidou, du Frac Picardie, des Abattoirs et du Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne Métropole.
Proche du mouvement Supports/Surfaces, particulièrement actif en 1970 et 71, les préoccupations de Toni Grand ne sont pas pour autant interprétables à l’aune des questionnements théoriques du mouvement. Cependant, il y a des concordances qui s’expriment dans l’usage même du matériau - ici le papier - soumis à des manipulations communes à plusieurs artistes du groupe.
Cette série de dessins/collages constitue un témoignage exceptionnel du passage - éphémère mais intense - de l’artiste au support papier durant cette période consacrée essentiellement à la sculpture, et plus précisément à la mise en place d’un protocole lié aux usages exclusif du bois. Équarrir, fendre, découper, tailler, scier, polir : une énumération de mots qui rend compte d’une succession d’opérations dont l’œuvre devient à la fois le support et la somme.
Comme pour ses sculptures, le vocabulaire du dessin se réduit à un alphabet très simple : papier blanc, peinture noire, encre de chine, goudron, ciseaux, pinceau. Les gestes expriment plus l’intérêt de Toni Grand pour une exploration du matériau que pour la réalisation d’un projet prémédité et de ses effets esthétiques. Le papier est découpé, retourné, trituré, rapproché, collé, saturé. À l’instar de ses sculptures, les dessins ne décrivent rien, ils explorent d’autres voies - sans autres finalités que de vérifier, au-delà du geste, les possibilités et combinaisons qui le constituent en une nouvelle expérience. Le papier n’est pas une surface, ni lisse, ni constante. Il n’aurait probablement pas suscité l’intérêt de Toni Grand si celui-ci n’avait pu « opérer une torsion de l’espace-plan » (1) en entamant son intégrité. Il ne peut exister que découpé, rapproché, collé, greffé, inversé dans ses surfaces – « des boutures d’encre et de papier » (2) écrivait Rainer Michael Maso.
1/ Ann Hindry, Toni Grand, catalogue du Musée des Beaux-Arts de Nantes, 1991
2/ Rainer Michael Mason, Toni Grand, catalogue du Musée des Beaux-Arts de Nantes, 1991
Notes biographiques :
Toni Grand est né en 1935 à Gallargues Le Monteux, dans le Gard.
Il fit des études littéraires à Montpellier, puis étudia un an aux Beaux-arts de la même ville. Toni Grand apprend le métier dans différents ateliers de sculpteurs à Paris dans les années 1960, en particulier chez Marta Pan. Il y perfectionne ses connaissances techniques. Il découvre le mouvement Supports/Surfaces lors de l'exposition de l'ARC en 1968. Première exposition personnelle à la Galerie Eric Fabre, à Paris, en 1974. En 1986, il enseigne à l'École Supérieure des Beaux-arts de Nîmes avant de rejoindre l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris de 1987 à 1993, puis celle de Marseille de 1994 à 2000.
Jusqu'à la fin des années 1960, il travaille essentiellement le plomb, l'aluminium et l'acier. De la fin des années 1960 à la fin des années 1970, il se consacre principalement à la sculpture sur bois. À partir du milieu des années 1970, il travaille dans son atelier de Mouriès avec des résines de synthèse appliquées à envelopper des pierres, du bois, des ossements ou encore des poissons.
Sa première grande exposition dans une institution date de 1976, au musée d'Art et d'Industrie de Saint-Étienne. En 1981, il est invité à présenter ses sculptures en acier dans les salles romanes du Cloître Saint-Trophime, en Arles. Il représente la France à la Biennale de Venise en 1982, (avec Simon Hantaï). En 1986, ses œuvres sont exposées dans les Galeries contemporaines du Centre Georges Pompidou (Paris) puis en 1989, au Musée des Beaux-arts de Lyon. En 1991, le Musée des Beaux-Arts de Nantes lui consacre une très importante rétrospective. Il expose en 1993 au Musée d'Art Moderne de Céret et en 1994 à la Galerie nationale du Jeu de paume à Paris. Ses œuvres sont présentées en 2000 à la Renaissance Society à Chicago aux États-Unis. La dernière exposition institutionnelle de Toni Grand date de 2003, au Musée des Beaux-Arts de Nantes à l’occasion de la présentation de la donation.
Toni Grand s'éteint à Mouriès le 29 novembre 2005.
En 2007, le MAC de Marseille lui rend hommage ; en 2013, le MAMCO (Genève) lui consacre une rétrospective très complète.
Bibliographie : outre les catalogues des diverses expositions, le livre-hommage édité par Analogues (Arles, 2007) peu après sa mort : Toni Grand- La légende, avec des témoignages de nombreux amis.
Visuel carton : François Lagarde
© François Lagarde/Opale/Leemage