18 novembre 2017 au 27 janvier 2018
Vladimir Skoda appartient à une lignée de sculpteurs qui, de Rodin à Calder, incarnent tout entier le désir de se confronter à la puissance et à la résistance de la matière. Né en 1942 à Prague, il est formé au métier de tourneur-fraiseur. En 1968, il s’installe en France et étudie à l´École des arts décoratifs de Grenoble, puis dans l´atelier de César à l´École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Après s’être confronté aux techniques et aux formes traditionnelles, c’est en Italie que Vladimir Skoda va commencer à identifier ses influences, en particulier celles de l’Arte Povera, qui encourageront ses premières recherches sur la relation entre la masse et la matière, le fil de fer enroulé/déroulé ou tressé autour du corps.
Dès 1975, il amorce ses premiers travaux à la forge manuelle qui se concrétisent, entre autres, par la série des « Transformations », confrontation de barres de fer écrasées à d’autres, non modifiées. Succède à ces expériences, plutôt conceptuelles, l’apparition en acier forgé d’une forme et d’un volume, le carré et le cube. « Un cube, une fois frappé sur les arêtes et sur les sommets, c’est le commencement d’une sphère », rappelle ainsi Oscar Niemeyer(1). Entaillée, scarifiée, creusée, gravée, la sphère va progressivement révéler des potentialités différentes, inspirées par la double référence à la sphère terrestre et au cosmos, mettant en place un vaste système de correspondances : « Il y a dans mon travail une dimension cosmogonique… Le carré m’apparaît comme la figure de l’artefact, alors que le mouvement même de la matière, de l’énergie et de la gravité tend à infléchir l’univers vers le sphérique. Je crois presque intuitivement que la courbe, le sphérique et l’elliptique sont le propre de l’univers, à la différence du géométrique humain. »(2)
En 1987, à l’occasion d’une exposition personnelle au Musée d´art moderne de la Ville de Paris, il présente une série de boules d’acier forgées intitulée De l´intérieur. En 1988, une sphère parfaite apparaît dans son travail, puis, en 1991, une sphère à la surface réfléchissante. Sur cette surface en miroir, ne se dessinent plus seulement les limites de la sphère, de son énergie interne, mais les mille apparences du monde extérieur qui viennent s’y refléter. La sphère devient alors un programme, le sujet et la matière d’explorations multiples. En 1994, Vladimir Skoda s´inspire du mouvement du pendule de Foucault. La dynamique et la technique pendulaires, associées à l´utilisation du miroir concave poli, produisent une expérience nouvelle : « Galileo – Galilei ». L’objet réfléchi, dans le mouvement qui le rapproche du miroir, produit une déflagration, une sorte d’incandescence qui le dématérialise.
Les Miroirs du temps font partie de la série des miroirs vibrants et tournants créés depuis 1999, présentés entre autres à la galerie AL/MA en 2010, lors de Casanova forever (FRAC Languedoc Roussillon). Devenu virtuel, le miroir fait l’objet de métamorphoses incessantes, dont l’architecture et le corps même du spectateur sont à la fois la cause et l’un des effets-reflets.La galerie AL/MA présentera un ensemble d’oeuvres, réalisées depuis 1978 jusqu’à aujourd’hui parmi lesquelles des sculptures, des dessins et des gravures.
(1) Oscar Niemeyer, « Les courbes du temps », trad. du portugais par Henri Raillard, Gallimard, Paris, 1999.
(2) « Vladimir Skoda : la sphère-lumière », entretien avec Philippe Cyroulnik, Journal de la bourse d’art monumental.