29 avril 2016 au 02 juillet 2016
Maciek Stepinski est né à Varsovie en 1972, où il vit et travaille actuellement. Il est diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Varsovie, (1999) et a été accueilli en résidence à l’École Nationale Supérieure de la Photographie à Arles (2000-2002). En France, il a commencé une série d’images non-documentaires et de films qui mettent l’accent sur une nature déshumanisée, en particulier sur les infrastructures des routes et autoroutes.
En 2005, il travaille sur la Ligne Grande Vitesse à Lindre Basse en résidence au CAC Synagogue de Delme, où il use à la fois de la photographie et de la vidéo pour questionner le phénomène de la route en général. Il mène ensuite un projet photo-vidéo sur la construction de l’autoroute A1 à Vienne dans le cadre d’une résidence Kulturkontakt (Autriche). Entre 2007 et 2009, il travaille en Pologne et réalise des films et des photos de Varsovie. La série "W" représente une architecture anonyme du quartier Powisle (exposition personnelle "Backstage", CAC - Château Ujazdowski). Puis, il réalise le projet « California Car Culture » en 2010 dans le cadre d'une résidence au 18th Street Art Center à Santa Monica (Californie, Etats-Unis). En 2011, il participe à un projet artistique pluridisciplinaire et un voyage d’étude sur le territoire d’une enclave russe à Kaliningrad (exposition collective en Russie à NCCA et CAC - Château Ujazdowski à Varsovie).
Maciek Stepinski utilise plusieurs médiums : photographie, vidéo, dessin, peinture et installation. Dans ses photographies, dont l’impertinence est palpable sous l’apparente douceur de l’ensemble, il introduit une ambiguïté qui ne vient pas de leur composition mais relève plutôt de la peinture. Dans son travail, une image semble toujours en cacher une autre.
L’exposition à la Galerie AL/MA réunira deux séries, Warsaw City Tennis Clubs, (2009), Périphériques (2013-2016) et deux vidéos. Le sujet de son dernier projet photographique est un périphérique en construction, en forme de boucle autour de Varsovie, et dont les entrées et les sorties ne sont pas encore terminées. Chantier absurde et imposant qui stimule une attente sans jamais apporter d’assurance sur la fin de sa réalisation. La matière même du chantier est observée, traquée et disséquée, comme le serait une chair vivante. S’opposent alors la fragilité de l’organique et la brutalité fonctionnelle du projet.
« Le béton est durable, l'asphalte est durable, une clôture en acier est durable, une construction en béton armé est durable. Seules les forces de la nature peuvent les écraser. Dans la zone urbaine il y a une bataille constante entre béton et mauvaises herbes pour la gestion de l'espace, son occupation, sa perte et sa récupération ».
En utilisant la tradition du jardin à la française prolongée par l’esthétique allemande et ses disciples Bernd et Hilla Becher, Maciek Stepinski apporte sa propre vision de l'ordre dans la zone urbaine formellement chaotique.
Stepinski est fasciné par les mutations du territoire péri-urbain et les artefacts. La construction de routes, un survol de chantiers, les escaliers, l'emplacement d'un trottoir ou l'abattage d'arbres dont les conséquences sont souvent plus durables que l'idée elle-même. Les inspirations sont multiples : une tonne d'asphalte répandue par un camion sur une pente par Robert Smithson tout autant que les peintures de paysages classiques. Tout est calme, la composition est en parfait équilibre. Nous avons l'impression que quelque chose nous a été caché ou ignoré. En supprimant les personnes des photos, Stepinski ne montre pas l'action, mais les faits. Les photos ont été prises en Allemagne, Autriche, Pologne et Russie, mais cela n'a pas une grande importance. Le caractère artificiel de la nature est une zone entre la civilisation et la nature.
« Je décide ce qui est finalement dans l'image. Je ne photographie pas ce qui est, mais ce que je vois. Béton / pelouse. Arbre / paroi. Arbuste / palissade de métal. Asphalte / herbe. Bâtiment / haie. Homme / mur ». Maciek Stepinski
La régularité de la composition, généralement marquée par une symétrie bilatérale est une idée de la nature totalement dominée et contrôlée par l'homme, dominante à l'époque de l'absolutisme éclairé. Le despotisme légal formel se manifeste dans le processus créatif, qui est l’objet d'un contrôle rigoureux. Depuis plus d'une décennie, Maciek Stepinski a constamment modifié ses œuvres en supprimant certains des éléments qui pourraient détourner l'attention de ce qui n’est pas le sujet de l'image. Ses images photographiques privées d’informations temporelles et spatiales, représentent une frontière entre le paysage naturel et la ville. Les choses qui arrivent "ici et maintenant", bien qu'apparemment immobiles, se déroulent souvent sur la frontière invisible désignée par l'homme, la périphérie.