07 janvier 2025 au 15 février 2002
Dominique De Beir
Vernissage mardi 7 janvier 2025
Exposition du 7 janvier au 15 février 2025
Cette deuxième exposition de Dominique De Beir à la galerie AL/MA rassemble une vingtaine de dessins, depuis 1996 jusqu’à 2023, non sous une forme rétrospective, mais plutôt selon le principe d’un inventaire, non exhaustif, des pratiques qui caractérisent son travail depuis 1990. « Trouer, frapper, frotter, griffer, projeter, perforer, inciser, éplucher, brûler, creuser, découper…»1. Tous ces verbes convoquent une succession d’actions et d’univers aussi précis qu’improbables inspirés par l’origine et les spécificités du support. La constance de la démarche de Dominique De Beir est telle que toutes ces œuvres sont à regarder comme une actualité. « L’acte lui-même, loin d’être une froide leçon, ne s’explique pas autrement que par analogie et métaphore. »2
Rares sont les œuvres qui inspirent un champ lexical aussi complexe, inépuisable même. Il suffit de choisir un mot parmi les plus fréquemment employés quand il s’agit de définir les gestes de Dominique De Beir, trouer, par exemple pour que surviennent aussitôt les images des cartons perforés des orgues de barbarie, de la mitraille, de l’usure, de la piqure d’une seringue, de la crucifixion, c’est Sans fin mais pas sans début, pour faire écho au titre de son exposition au musée des Beaux-arts de Caen en 2023. La suite des actions rejoint celle des listes d’outils et de mots.
Une œuvre issue de la série Sils, de 1996, a été choisie pour le carton d’invitation. Une nuée de boucles, à moins que ce ne soient de zéros, comme en ébullition, à l’encre verte, traverse les pages d’un cahier de dépenses et de recettes. Non plus des trous mais des vides répétés indéfiniment. « Sils, un pronom personnel (il) coincé entre deux marques de pluriel(s) »3 devient le titre générique de beaucoup d’œuvres entre 1996 et 2001. Contemporaine de la série Report (1996), suite de 21 dessins à l’encre, et de la série Où se mettre ? (1996) ‒ toutes deux présentées au musée Fabre dans le cadre de l’exposition Accroc et Caractère de Dominique de Beir jusqu’au 2 mars 2025 – Sils concentre quelques principes récurrents : « du rythme, des arrêts, des bouts… et surtout de l’air et de la non-figure. »4
Ce grand dessin rappelle aussi certaines filiations avec en particulier deux artistes, Pierrette Bloch et Eve Gramatzki, dont les œuvres dialoguent avec celles de Dominique De Beir au musée Fabre.
L’exposition rassemble les œuvres de plusieurs séries, Report (2005-2012) Correspondance bleue (2010), Digression (2018-2019), Sous le velours (2022), Sandpaper (2023), chacune impliquant un support, des outils et un geste différents. Chaque matière inspire et définit un nouveau protocole, parfois l’abrasion se substitue à la perforation, révélant sous l’usure du velours un usage invisible, celui de la comptabilité et du langage administratif. À l’inverse, le geste peut effacer le motif, le dissoudre sous les altérations répétées (Planche Dentelle, 2021). « Le fond devient alors le sujet et le maillage des fils crochetés participe à cette nouvelle trame à l’aide de ces outils permettant de trouer ou percuter la matière. C’est à coup de maltraitance que l’image se dissout et paradoxalement acquiert toute sa vitalité. »5
L’exposition, Accroc et Caractère, consacrée à l’œuvre de Dominique De Beir est visible jusqu’au 2 mars 2025 au musée Fabre. Un catalogue a été publié à cette occasion avec un entretien de l’artiste avec Maud Marron-Wojewodzki, un texte d’Emilie Ovaere-Corthay et un texte de Camille Paulhan, éditions SilvanaEditoriale.
1 Dominique De Beir, une mise à jour, (août 2010), op. cit.p.213
2 Dominique De Beir, Accroc et Caractère, une collection, La joue du petit paresseux, Camille Paulhan, page 138, éd. SilvanaEditoriale
3 Dominique De Beir, Accroc et Caractère, une collection, La joue du petit paresseux, Camille Paulhan, page 141, éd. SilvanaEditoriale
4 / 5 Dominique De Beir, Accroc et Caractère, une collection, texte de Dominique De Beir, page 141 et page 41, éd. SilvanaEditoriale
Dominique De Beir vit et travaille à Paris et en Picardie ; elle enseigne à l’Esadhar site Rouen. Dominique De Beir est co-fondatrice de Friville Éditions depuis 2011.